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Quelle est l’approche de la ville de Marseille sur les mobilités et en particulier les hubs de mobilité ?

Temps de lecture 4 min.
Posté le 17.06.21
Ecosystème Mobility Insights
Quelle est l’approche de la ville de Marseille sur les mobilités et en particulier les hubs de mobilité ? 1

Au cours d’une interview exclusive, Audrey Gatian, Adjointe au Maire de Marseille en charge des mobilités et de la politique de la ville, nous éclaire sur les ambitions de la ville de Marseille sur la mobilité, les défis et opportunités liés au développement de hubs de mobilité et leur transition vers une mobilité plus durable. 

Le paysage de la mobilité marseillaise

Dès nos premiers échanges, le constat est posé par Audrey Gatian : “Marseille est très tournée vers la voiture”, rappelant que la ville est une des plus congestionnées d’Europe. Face à ce constat, Audrey Gatian et la municipalité ont pour ambition de “changer de paradigme” sur la mobilité, en proposant une autre vision de la ville. Pour ce faire, les transports en commun, le cheminement piéton et le développement d’autres mobilités (vélo, micro mobilités) sont les leviers privilégiés. Le défi adressé par la ville de Marseille est double : réduire la pollution atmosphérique et améliorer la qualité de vie des marseillais. Audrey Gatian déplore un “retard” de la ville de Marseille en matière de mobilité, citant l’exemple toulousain (Marseille, 2e ville de France, compte 2 lignes de métro et 2 lignes de tramway, alors que Toulouse, 4e ville de France, en compte autant et porte d’ailleurs un projet de troisième ligne de métro).

En matière de politique publique liée à la mobilité, Audrey Gatian nous rappelle que l’autorité organisatrice des mobilités est la Métropole Aix-Marseille. La ville de Marseille, commune principale, collabore donc sur ce sujet avec la Métropole.

L’usage de la voiture est solidement ancré à Marseille, l’élue nous partage que l’on peut avoir “cette impression presque caricaturale que les marseillais veulent aller à la mer avec la voiture presque sur la plage”, justifiant que cette image peut s’expliquer “parce qu’on a rien mis en place pour que les marseillais puissent aller à la mer d’une autre façon”. C’est un cas typique où le développement de l’offre de transport en commun permettrait de réduire l’usage de la voiture.

L’arrivée prochaine de la Zone à Faibles Émissions représente une opportunité 

Après une analyse juridique, il a été constaté que la mise en œuvre de la Zone à Faibles Émissions (ZFE) sur la ville de Marseille relevait des pouvoirs de police du maire de Marseille. Pour rappel, ces zones sont notamment destinées à réduire la pollution atmosphérique, ce qui est bienvenu pour Audrey Gatian : “c’est très bien que la loi nous y oblige, clairement nous avons un problème de pollution atmosphérique à Marseille qu’il nous faut résoudre”.
Préalable nécessaire à la mise en œuvre d’une ZFE, une concertation publique doit être organisée. La ville de Marseille a eu l’occasion d’organiser cette dernière en début d’année mais s’y est refusée, le contexte sanitaire de l’époque ne permettant de réaliser cette concertation que de manière digitale. Cela pouvait potentiellement poser des difficultés d’inclusion, notamment pour les personnes n’ayant pas l’habitude des consultations publiques et, surtout, de la consultation en ligne. Il y avait alors un risque de surreprésentation des “habitués de la consultation” dans le panel.
En lien avec l’Etat, la concertation est prévue pour l’automne, cette concertation portant sur l’arrêté de circulation et son périmètre. Pour Audrey Gatian, la ZFE est une réelle opportunité : “on veut faire de la ZFE un vrai levier du changement des mobilités à Marseille”, permettant ainsi de repenser la façon de se déplacer dans la ville.

L’approche des hubs de mobilité 

C’est une des particularités de Marseille : la ville compte 12 gares ! Ces dernières peuvent être sous-exploitées, mais constituent une solide base d’infrastructures pour la mobilité. Les hubs de mobilité sont donc pensés en priorité autour des gares et des stations de métro, avec l’objectif d’en faire des zones avec plusieurs types de mobilité. Les gares permettent, par exemple, d’opérer d’autres interconnexions (sujet prioritaire pour la ville de Marseille).
Dans la continuité du prochain déploiement de ZFE, les hubs de mobilité permettent le développement d’une logistique urbaine, en plein essor à Marseille (vélo cargo et logistique alternative): “on a plusieurs sociétés qui sont vraiment uniquement sur ce domaine qui sont en train d’émerger, et qui sont à la recherche de sites, locaux” constate Audrey Gatian.

La question du développement des services sur les hubs de mobilité est centrale, l’adjointe au Maire nous rappelle que “lorsqu’il n’y a pas de services ça ne vit pas, et c’est sous-utilisé”. Ces services seront à imaginer en fonction du quartier, et de son histoire, impliquer les habitants pour sélectionner les services permettra d’ailleurs de faire en sorte que ces lieux soient mieux appropriés.

Le développement des hubs de mobilité, notamment autour de gares, c’est repenser l’environnement et en faire “un lieu de vie”, sujet particulièrement prioritaire pour Marseille.

Les Appels à Manifestation d’Intérêt comme levier d’expérimentation

La ville de Marseille a récemment initié un Appel à Manifestation d’Intérêt, ou AMI (mode de présélection des candidats qui seront invités à soumissionner lors de futures procédures de passation de marchés publics) avec l’objectif d’améliorer le maillage de vélos. Lime a été retenu pour déployer ses VAE, permettant de compléter l’offre de vélos en libre-service. Cette expérimentation durera tout l’été et un bilan sera réalisé. Le même mécanisme a été utilisé pour le déploiement de parkings vélos surveillés cet été, l’objectif étant d’aller plus vite que la production et le déploiement d’arceaux vélos.
L’approche des AMI par la ville de Marseille est de fournir une offre complémentaire, mais non concurrente, aux dispositifs déjà mis en place, notamment par la Métropole.

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